Mule

Deux jeunes femmes assises par terre partagent un paquet de chips. Celle qui le tient le tend, avec parcimonie, vers sa camarade, laquelle lui jette un regard de côté avant d’avancer la main. Et puis, tout s’emballe.
Les voilà qui se lèvent et s’élancent dans une chorégraphie démente qui en dit long sur ces valeurs parfois négligées que sont la solidarité et l’entraide.

Mule est un jeu icarien. Une danse à deux où pour voltiger dans les airs on a absolument besoin des pieds ou des mains de sa partenaire. Celle qui s’envole triomphe de la pesanteur. Celle qui porte lui est soumise mais elle lui est surtout indispensable car sans elle, il n’y aurait pas l’impulsion donnée au mouvement.

Le ballet va crescendo jusqu’à l’étourdissement. On ne sait plus, dans ce maelstrom des corps qui virevoltent dans les airs, qui porte et qui s’envole. Parfois, les bras s’effondrent sous le poids et les pieds se dérobent. C’est l’occasion de regards noirs, de chips qu’on ne partage plus, de petites bassesses et de grandes colères.

Ce spectacle d’un humour ravageur qui ne doit pas faire oublier l’exceptionnelle performance des deux interprètes féminines, Hélène Leveau et Aviva Rose-Williams, est un vrai bonbon acidulé.